Les cures de vitamines sont-elles utiles ?

Naturellement, nous avons toujours une bonne opinion des vitamines. Pourtant, consommées en excès, certaines vitamines peuvent être nuisibles à l'organisme. Les explications avec le Pr Alain Astier, pharmacologue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Comme dans beaucoup de domaines, et spécialement en thérapeutique, l'excès est nuisible. Les vitamines sont des substances indispensables pour notre organisme. Nous ne pouvons pas les synthétiser, elles sont apportées par l'alimentation. On distingue les vitamines hydrosolubles comme les vitamines B ou C que l'on trouve dans les fruits et légumes et les vitamines liposolubles comme les vitamines D ou E.

On entend beaucoup parler des carences en vitamines, moins des pathologies induites par une surconsommation de certaines vitamines : surdosage chronique en raison d'un excès de suppléments alimentaires car nous pensons que certaines vitamines vont nous booster ou nous protéger, par exemple de la grippe.

Vitamine C : gare à l'excès

Les carences vitaminiques devraient être exceptionnelles avec une alimentation équilibrée. Il y a certes des états spécifiques comme la grossesse ou la ménopause pour lesquels une supplémentation peut être utile. Par exemple, vitamines D et C pour lutter contre l'ostéoporose de la femme ménopausée.

Concernant la vitamine C, une prise excessive, soit plus de 1 gramme par jour de façon continue, est nocive. Un célèbre prix Nobel de chimie, Linus Pauling, recommandait de prendre plusieurs grammes de vitamine C par jour pour lutter contre le vieillissement et le cancer... Attention, de telles affirmations ont été réfutées, et ne reposent sur aucun fait scientifique !

Au contraire, l'excès de vitamine C semble avoir plusieurs inconvénients. Tout d'abord, la vitamine C est métabolisée par l'organisme en donnant de l'acide oxalique qui, chez certaines personnes, en combinaison avec le calcium, peut induire l'apparition de lithiases, c'est-à-dire de dépôts dans le rein ou les voies urinaires conduisant à des coliques néphrétiques (+ 41%). Plus on en ingère, plus le risque de lithiase est élevé. Il existe des études contradictoires mais la prudence s'impose chez les sujets prédisposés aux lithiases.

On a également évoqué un surcroît de risques cardiovasculaires, une excitation, des insomnies, une augmentation pathologique de l'absorption du fer. Il y aurait également des interactions médicamenteuses à craindre, par exemple avec les antivitamines K (AVK) et les antiacides aluminiques.

Il faut prendre en considération la balance bénéfice/risque. Il n'y a aucun bénéfice à prendre régulièrement plusieurs grammes de vitamine C. En revanche, il existe des risques. De plus, des études récentes publiées semblent démontrer une action génotoxique (attaque des gènes).

Les risques liés à l'excès de vitamine A

Un autre exemple de toxicité liée à un excès vitaminique concerne la vitamine A, dérivé du rétinol, proche du carotène. Il a été démontré que l'excès de vitamine A (> 25 000 UI/J) entraînait progressivement de sérieux effets secondaires :

  • toxicité hépatique surtout chez les insuffisants hépatiques
  • effet tératogène : femme enceinte (très important avec des dérivés comme la trétinoïne)
  • ostéoporose
  • sécheresse cutanée
  • troubles digestifs

Pour d'autres vitamines, comme la vitamine D qui sert à fixer le calcium, le risque en cas d'excès est de trop fixer le calcium. Des troubles osseux et des dépôts de calcium dans les vaisseaux peuvent en découler.

Pour les vitamines du groupe B, l'excès induira de nombreux effets secondaires notamment digestifs, neurologiques parfois irréversibles avec la vitamine B6.

Quelques règles de précaution s'imposent

Sauf cause de carence médicalement avérée ou des besoins de prévention spécifiques, il n'y a pas de raison de se supplémenter en vitamines. Une alimentation variée suffit.

Attention aussi à tous les suppléments disponibles sur Internet dont la qualité n'est pas assurée, loin s'en faut.