Labial, génital, oculaire : comment soigner l'herpès ?

Qu'il touche les lèvres, les organes génitaux ou les yeux, l'herpès est dû à un virus très répandu et très contagieux. Il provoque des symptômes gênants mais des traitements réduisent leur retentissement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que l'herpès ?

Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent l'herpès
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent l'herpès

Environ 80% des Français sont porteurs du virus de l'herpès. Dans 65% des cas, il s'agit d'herpès labial, le vilain bouton de fièvre comme on le surnomme, qui se réveille en cas de fatigue ou de stress. Et dans 15% des cas, c'est l'herpès génital qui malmène notre anatomie et peut s'avérer douloureux.

Le virus de l'herpès, Herpes simplex, touche aussi bien la peau que les muqueuses. Il appartient à la même famille de virus que celui de la varicelle et le zona.

Comment attrape-t-on un herpès ?

Il se transmet par contact direct entre une personne porteuse et une personne indemne, et se manifeste par une éruption, dont la localisation dépend de la souche virale. Quand il s'agit d'un virus de type HSV1, la localisation est souvent labiale : c'est le bouton de fièvre. Quand il s'agit de la souche HSV2, la localisation se situe au niveau du sexe, du périnée ou des fesses. C'est l'herpès génital, une maladie sexuellement transmissible

L'herpès de type 1 et 2 sont des virus très contagieux, par contact direct entre la peau et/ou les muqueuses, mais aussi avec les sécrétions corporelles (salive, sécrétions vaginales, sperme). L'herpès néonatal se transmet quant à lui lors de l'accouchement.

Quelle que soit la souche virale, lors d'un premier contact, le virus pénètre dans l'organisme, passe dans le sang et atteint sa principale cible, les cellules de la peau ou des muqueuses. Des papules, petits boutons caractéristiques de l'herpès, apparaissent. La zone devient rouge et gonfle localement. Les papules mûrissent, deviennent des cloques transparentes contenant un liquide clair et finissent par éclater. C'est à ce moment-là que le risque de contamination est le plus important.

Au bout de quelque temps, les vésicules laissent place à des plaies souvent douloureuses (brûlures), puis sèchent assez rapidement pour former des croûtes qui disparaissent en quelques jours. Même si l'herpès guérit, les virus, eux, ne disparaissent pas de l'organisme. Ils rejoignent le ganglion nerveux correspondant à la zone infectée, ils remontent le long des nerfs sensitifs et persistent à vie dans ces ganglions. 

À chaque période de stress ou de fatigue, les virus ressortent du ganglion et regagnent la peau, l'herpès réapparaît. Les symptômes sont habituellement moins forts que durant le premier épisode, appelé primo-infection.

Herpès oculaire : quels sont les dangers ?

L'herpès oculaire est moins connu que l'herpès labial ou génital et pourtant, en France il touche plus de 90.000 personnes. Si l'herpès oculaire n'est pas bien traité, les conséquences peuvent être graves. Il s'agit effectivement de l'une des premières causes de cécité dans les pays industrialisés.

Moins fréquent que pour la bouche ou les parties génitales, l'herpès peut en effet atteindre l'œil et provoquer une infection de la cornée. L'oeil est rouge, larmoyant et douloureux et la vision peut être altérée.

Bien soigné, l'herpès oculaire n'est pas dangereux, mais s'il n'est pas diagnostiqué à temps les crises peuvent faire de dégâts irréversibles, demandant parfois une greffe de cornée. Compte tenu des risques plus importants de rejet, seules 8% des greffes de cornée sont réalisées chez les patients souffrant d'herpès oculaire.

Quand il touche la cornée en profondeur, l'herpès peut abîmer la vue. Il faut alors réagir vite. Le problème est que les médecins eux-mêmes ne pensent pas toujours à lui devant un oeil irrité.

Quand le diagnostic est posé, une pommade ophtalmique contenant de l'aciclovir peut être appliquée. Le port des lentilles est déconseillé durant toute la crise et la durée du traitement. 

Bien se laver les mains avant et après l'application de la pommade et ne pas se toucher les yeux est fondamental pour ne pas contaminer d'autres zones, commes les lèvres.

Herpès génital : une IST très fréquente

L'herpès génital est une des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) les plus fréquentes en France. Elle reste pourtant mal connue.

Les infections génitales peuvent être causées par le virus Herpes simplex (HSV) de type 1 ou 2. 80% des enfants et 90% des adultes sont positifs au HSV-1. Les personnes atteintes sont le plus souvent asymptomatiques. Le virus peut donc être transmis sans que la personne ne sache qu'elle en est porteuse.

Comme la première crise peut être très éloignée du jour de contamination, cela entraîne parfois un vrai malaise dans le couple et des soupçons d'infidélité.

L'herpès génital n'est pas toujours facile à diagnostiquer. Les éruptions cutanées sur les parties génitales peuvent avoir des origines très différentes comme une mycose ou encore une IST. Pour s'assurer qu'il s'agit du virus de l'herpès, les patients doivent faire un prélèvement, qui en pratique est rarement fait.

Pour le prélèvement, le médecin utilise un bâtonnet qu'il applique directement sur les lésions. Ce prélèvement indolore permettra aussi de vérifier la présence ou non d'autres infections sexuellement transmissibles comme la syphilis ou encore des mycoses.

Le prélèvement est ensuite envoyé au laboratoire pour être mis en culture. Cette étape dure en moyenne 48 heures. Puis une fois le virus isolé, il est exposé à un anticorps fluorescent réactif au virus de l'herpès. De cette manière, la présence d'herpès est confirmée ou non. Une prise de sang à la recherche d'anticorps anti-HSV-1 ou anti-HSV-2 peut aussi être réalisée ; elle peut permettre de diagnostiquer une primo-infection.

Pour beaucoup de patients, les crises sont dues au stress, à la fatigue ou encore à la fièvre. Actuellement il n'existe pas de vaccin contre ce virus. Mais si les poussées sont trop fréquentes, un traitement peut être proposé et il fera appel à l'aciclovir, le valaciclovir ou encore la famciclovir en comprimés (plus efficace que la crème) au moment de la crise. Un traitement préventif peut être instauré si les crises sont fréquentes, supérieures à six par an.

Réduire les risques de transmission sexuelle d'herpès génital 

L'abstinence est de mise durant les crises, quand il y a des lésions ou d'autres symptômes. Mais le virus peut être transmis même en leur absence car il a été prouvé que la contamination était possible avec une peau saine. 

Le port du préservatif réduit le risque de transmettre l'infection mais il ne couvre pas la totalité des zones susceptibles d'être affectées. 

Lorsque l'on rencontre un nouveau ou une nouvelle partenaire, l'honnêteté serait plus conseillée mais de peur de le ou la faire fuir, peu de gens touchés par l'herpès génital l'adoptent.

Herpès labial : les traitements et gestes à éviter

Lorsque les crises d'herpès deviennent si importantes et si fréquentes qu'elles handicapent la vie sociale et professionnelle de celui qui en souffre, un traitement antiviral permet de limiter et d'espacer les poussées. 

Il fait appel à l'aciclovir, en comprimés ou en suspension buvable, durant 5 à 10 jours. 

S'il y a plus de 6 récurrences par an, un traitement quotidien d'aciclovir peut être instauré durant 6 mois. 

Le valaciclovir a l'avantage d'être mieux absorbé par voie orale, en comprimés. Il est recommandé en cas d'herpès génital.

Des essais cliniques portant sur une nouvelle molécule, l'IM-250, ont été annoncés en 2023. Pour le moment testée uniquement chez l'animal, elle montre une diminution de la charge virale, de la transmission et des récidives. 

Un candidat vaccin est également à l'étude.

En pratique, les gestes à éviter cas de crise

Il est recommandé de ne pas embrasser ses proches, a fortiori les bébés, les personnes immunodéprimées, ou souffrant de dermatose atopique (comme l'eczéma). Il faut éviter tout contact buccal avec autrui et le partage aucun objet ayant été en contact avec la salive et la bouche. 

Les lésions ne doivent pas être touchées, hormis pour les soigner avec la crème (et en s'étant lavé les mains consciencieusement avant et après le soin). Humidifier ses lentilles avec de la salive est déconseillé puisque le virus se retrouve dans les sécrétions corporelles. La fellation et le cunnilingus sont également à éviter. 

Autres conseils : ne pas se frotter les yeux, ne pas se toucher le sexe sans s'être lavé les mains ; ne pas mettre de maquillage sur les lèvres ; ne pas partager son linge de toilette et ne pas sécher les yeux avec le même coin de serviette utilisé pour sécher les lèvres.

Comment diagnostiquer un herpès ?

Lorsque le virus de l'herpès est soupçonné d'être à l'origine d'une lésion, il est nécessaire de confirmer le diagnostic par des prélèvements et des examens approfondis.

Le diagnostic d'herpès labial ou génital se fait à partir d'un prélèvement réalisé en laboratoire. Pour ne pas fausser les résultats, le prélèvement doit être réalisé le plus rapidement possible après le début de l'infection et avant la prise de traitements antiviraux.

Le prélèvement est ensuite congelé à -20°C avant d'être envoyé dans un autre laboratoire pour y être scrupuleusement analysé. Le prélèvement est alors mis en contact avec un réactif qui deviendra fluorescent au contact du virus de l'herpès. Problème, cette technique n'est pas fiable à 100%. Parfois, le virus de l'herpès est bien présent mais en quantité trop faible pour être détecté.

Pour limiter les erreurs, il existe un autre test plus efficace mais aussi plus coûteux. Il est appelé PCR. Le prélèvement est mis au contact d'un réactif qui détecte l'ADN du virus et le multiplie pour le rendre détectable. Contrairement à l'immunofluorescence, la PCR n'est pas encore remboursée par la Sécurité sociale. Un test coûte une trentaine d'euros.

Les rapports sexuels sont déconseillés en cas de crise. Il est toutefois possible de transmettre le virus en dehors, lors des phases de réactivation du virus sans symptômes apparents. Le préservatif diminue le risque de transmettre le virus mais pas totalement puisque le virus peut être présent sur des zones non couvertes par le préservatif.

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